Visiter le parc national de la boucle du Baoulé
- Malienw
- 19 févr. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 févr. 2021
Le parc national dela boucle du Baoulé est une réserve de biosphère que vous pourrez visiter pendant votre voyage dans le Sud-Ouest du pays. Il a été créé en 1972, et abrite aujourd’hui 200 sites archéologiques. La zone est également fréquentée par de nombreuses antilopes, dont les plus belles sont les girafes et les élans de Derby. Vous pourrez y rencontrer des lions, des phacochères et une diversité d’espèce d’oiseaux. Le patas est une famille de singe rouge que vous ne verrez qu’en Afrique de l’Ouest, surtout au Mali et au Bénin. Cette espèce habite aussi les lieux. Tous ces animaux se développent dans une aire protégée de près de 1 877 km² de superficie. Le paysage est décoré par une succession de galeries forestières, de cours d’eau, de lacs et de forêts de bambous.

Les phacochères qui n'ont pour prédateurs que les fauves et l'homme, sont nombreux dans les réserves maliennes

Le patas est endémique à l'afrique de l'ouest, essentiellement au Bénin et au Mali. Il peut courir aussi rapidement qu'une voiture lancée en 3ème.
.A la découverte de la réserve
En quittant Bamako par la route, en direction de Kita, vers la frontière guinéenne, puis tournons à droite dans la réserve. Après une cinquantaine de kilomètres, nous voilà dans le petit village de Madina, juste à la lisière de la réserve de faune de Fina : là, il n'y pas d’électricité ni de téléphone, mais l'accueil y est exceptionnel
Le voyage entre Madina, Bambara et Kourounikoto, nous conduit ensuite à travers la réserve de biosphère, dans le secteur du Badinko. La piste en latérite est bordée de collines aux flancs abruptes, la traversée du fleuve Baoulé s’effectue facilement car nous sommes à la saison sèche. A la saison des pluies, il devient impossible de passer.
Mais la nature environnante est visiblement en proie à des dégradations liées à la présence humaine : le feu est passé par là bien après la saison des feux précoces, et les arbres sont souvent cassés, des branches trainant à terre. Ce dernier phénomène est lié au passage de troupeaux qui transhument annuellement du nord au sud.
Un découpage théorique
En principe, ni l’agriculture ni l’élevage ni la chasse ne sont autorisés dans le cœur de la réserve. C’est dans ce sens que les limites de zones ont été redéfinies en 1994/1995 : l’objectif était de concéder aux populations, des secteurs en relation avec leurs besoins. Mais on constate que le processus, qui n’a pas été mené jusqu’au bout, n’a pas complètement répondu aux attentes des agriculteurs et des éleveurs. Dans le même temps, la population a crû, entraînant une extension des terroirs agricoles et des troupeaux pour répondre aux besoins en nourriture, d'où une

pression plus forte sur l’écosystème.
Des animaux disparus
Les anciens s’en souviennent : quand ils étaient jeunes, ils apercevaient dans la savane le farouche élan du Derby ; les buffles et les chimpanzés, qui faisaient la navette entre la réserve du Bafing, (située près de la Guinée) et le Baoulé ; les éléphants, qui descendaient de la Mauritanie vers le Mali, s’installaient à Samakoulo, « la colline aux éléphants ». Aujourd’hui, ceux-là n’existent plus dans le Baoulé.
Empreinte du lion sur la piste.

En revanche, depuis quelques années, on constate au retour des hippotragues - antilope/cheval -des bubales, et même des grands carnivores comme la hyène tachetée et la hyène rayée. Les hippopotames, quant à eux, fréquentent toujours le fleuve Baoulé.
Mais ce constat ne s’effectue que par la présence de crottes et d’empreintes de pattes : la réserve est encore trop fréquentée par les hommes et les animaux domestiques pour que les animaux s’aventurent près des pistes.
Les pressions croissantes sur l’environnement
Il y a quelques années, la réserve du Baoulé était connectée par des corridors forestiers aux réserves avoisinantes et aux forêts guinéennes, ce qui permettait aux grands animaux de circuler. Aujourd’hui, ces corridors forestiers ont disparu avec la croissance de la population. Les animaux ne pouvant donc plus circuler, ils ont déserté le Baoulé.
Hameau de culture.

En traversant la réserve, on constate la présence de hameaux de culture, qui poussent comme des champignons dans la zone de transition : les familles quittent leur village et s’installent sans tambours ni trompettes dans des secteurs peu fréquentés, cultivant ensuite les terroirs environnants, pratiquant la culture itinérante sur brûlis... Une pratique agricole dévastatrice, qui élimine la micro faune et qui appauvrit les sols tout en agrandissant régulièrement les périmètres cultivés.
D'autres facteurs exercent une pression environnementale. Les transhumants, par exemple, préfèrent traverser le cœur de la réserve avec les troupeaux et payer des amendes plutôt que faire le tour par les corridors de transhumance et les braconniers tuent les animaux sauvage pour les vendre en ville comme viande de brousse.
Mais une remontée biologique en cours
Heureusement, plusieurs mesures et actions tendent à inverser le processus.
La réserve a accueilli, il y a moins d'un an, un nouveau directeur, et des agents forestiers supplémentaires ont été nommés. Dans le même temps, l'administration de la réserve a bénéficié de deux voitures neuves et de sept motos, des barrières ont été mises en place, à l’entrée de la réserve, pour contrôler les voitures d’éventuels braconniers, et des pistes ont été rouvertes. Enfin, les agents forestiers travaillent avec la population sous le signe de la conciliation.

Du côté des villageois, la création d'une radio communautaire, des formations et des campagnes de sensibilisation sur l’environnement, l’agriculture durable et la faune, ont favorisé la prise de conscience et la communication. En parallèle, la création de l’association des communes riveraines a permis une meilleure gestion et un coordination des activités dans la réserve.
Et entre l’administration et la population, les relations se sont enfin apaisées grâce à la volonté de règler les conflits à l'amiable.

Le Parc national de la boucle du Baoule comprend plus de 200 sites archéologiques.

.Le tourisme, notamment, pourrait se développer en relation avec les nombreux sites archéologiques qui émaillent la réserve. La présence de la faune sauvage est également attractive. Cela implique toutefois l’ouverture de nouvelles pistes et l’entretien des anciennes et, surtout, la construction d’infrastructures susceptibles d’accueillir du monde.

Notes et références
« BOUCLE DU BAOULÉ Biosphere Reserve Information » , sur UNESCO
« Boucle du Baloué - ML0156 » , 2001
« Boucle du Baoulé Biosphere Reserve, Mali », avril 2020
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