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Omar Tall, dit El-Hadj Omar (1796 - 1864)Le fondateur de l'éphémère empire Toucouleur


Omar Tall, dit El-Hadj Omar, est le fondateur d’un empire éphémère, l’empire Toucouleur (ou Torodbe), sur les ruines des royaumes animistes de l’actuel Mali, dont ceux des Bambara.

Les Toucouleur, branche métissée des Peul, se désignent sous le nom Haalpulaaren (« ceux qui parlent le pulaar », la langue des Peul).

Omar Tall naquit vers 1796 dans la région de Podor, au Fouta Toro, il appartient à la précieuse lignée des Tooroodo et à ce titre s’initia très tôt à la culture coranique. L’ethnie à laquelle appartenait Omar Saidou Tall avait adhéré depuis 1776 à la confrérie des Qadriyas.

Il reçoit de sa famille une instruction religieuse solide et apprend l’arabe. Il complète sa formation par des voyages auprès des Maures de la confrérie des Qadriya au Tagant et à Walata.

A 23 ans, El Hadj Omar entreprend le pélerinage à la Mecque. Le voyage dure treize ans.

Il se déplace ainsi entre le Caire, la Mecque, Médine et Jérusalem. Il séjourne quelques années à Médine, ce qui lui permet d’approfondir ses connaissances du Coran, de la culture coranique et de l’arabe. Pendant son séjour dans les lieux saints de l’islam, El Hadj Omar fait la connaissance du khalife Cheikh Muhammad Al Ghali, disciple d’Ahmad Al Tidjani, qui va exercer sur lui une influence déterminante.

Son « professeur » lui décernera le titre de khalife des Tidianes. C’est donc auréolé d’un prestige certain que El Hadj Omar va au Soudan en passant par le Nigeria, puis du Mali il se rend en Guinée avant de retourner au Fouta. Mais au lieu de s’y fixer, El Hadj Omar revient vers le sud et fonde Dinguiraye, jetant ainsi les bases d’un vaste empire musulman. Sa pensée religieuse s’affirme de plus en plus : il écrit « Al Rimah » fixant de fait sa propre approche de la doctrine religieuse.Ayant fait son pèlerinage à La Mecque (d’où son surnom el-Hadj), il s’attira une grande popularité à son retour dans le Sahel musulman.

De 1830 à 1838, il vécut dans l’empire peul de Sokoto où il se forma militairement. Revenu dans l’actuel Sénégal, il fut nommé grand calife de la confrérie tijaniya et il s’installa à Dinguiraye, près de Diourbel.

Vers 1852, il lança son jihad (guerre sainte) en s’attaquant aux peuples animistes de la vallée du Niger.

La principale résistance à ce jihad fut le fait des Bambara des royaumes de Segou et du Kaarta dans l’actuel Mali qui avaient réussi à échapper au précédent jihad peul, celui de Seku Ahmadou. Étant demeurés animistes, ils allaient donc pouvoir être vendus comme esclaves, but économique abrité derrière le paravent de l’islamisation.

En 1856, El-Hadj Omar prit Nioro, la capitale du Kaarta. En juillet 1857, il tenta d’enlever Médine, poste français très avancé situé sur le haut Sénégal, afin de s’ouvrir une voie vers le sud, mais, au grand soulagement des populations du bas-Sénégal, il fut défait par les troupes françaises commandées par le colonel Louis Faidherbe.

Il se replia alors vers le bassin du Niger et s’attaqua à Ségou, la principale cité bambara, qui fut prise et pillée en 1861.

Suivi d’une partie de son armée, le souverain bambara trouva refuge au Macina où régnait le chef peul Ahmadou-Ahmadou, le petit-fils de Seku Ahmadou.

La rivalité religieuse confrérique (kadirya-tijanya) et économique, opposant les deux Haalpulaaren se transforma en guerre ouverte. El-Hadj Omar l’emporta et conquit le Macina. En 1862, Hamdallahi, la capitale d’Ahmadou-Ahmadou fut prise.

Tout l’actuel Mali n’était cependant pas conquis. C’est ainsi qu’à Tombouctou, ville contrôlée par le clan arabe des Kunta, et dont le chef, El Bekay, était un notable de la confrérie kadiriya rivale de la tijaniya, la résistance s’organisa. Craignant la conquête d’El-Hadj Omar, El Bekay avait ainsi soutenu les Bambara avant d’entrer lui-même en guerre. Ce fut d’ailleurs en le combattant que le 12 février 1864, à près de 70 ans, Il a disparu mystérieusement dans la falaise de Bandiagara (actuel Mali) le 12 février1864

Voyages


À partir de1827et pendant dix-huit ans, Oumar Tall entreprend plusieurs voyages. Il se rend à Hamdallayesur le Nige roù il rencontre Amadou Cheikhou, le fondateur de l'empire théocratique du Macina, puis séjourne plusieurs mois à Sokoto à la cour de Mohammed Bello. Il traverse ensuite le Fezzan et se rend au Caire avant d’atteindre La Mecque où il reçoit, de la part de Muhammad Al Ghâlî, les titres d’El Hadj et de calife de la confrérie soufi tidjane pour le Soudan (1828). Il rejoint ainsi la confrérie Tidjaniya en 1833, par l’intermédiaire de Mohammed el-Ghali Boutaleb, originaire de Fès, qu’il avait rencontré et fréquenté à la Mecque.

Il séjourne ensuite à l’université al-Azhar du Caire, puis chez le sultan du Bornou dont il épouse une fille, à la cour de Mohammed Bello dont il épouse également une fille, enfin à Hamdallaye chez Amadou Cheikhou, qui cette fois-ci l’accueille beaucoup moins favorablement.

Puis il est emprisonné par le roi animiste bambara de Ségou. Lorsqu’il est relâché, il se rend dans le Fouta-Djalon où l’almami l’autorise à créer une zaouïa (1841). Pendant treize ans, il prêche l’islam sunnite à travers la doctrine asharite, la jurisprudence malikite et la spiritualité de la Tijaniyya, d’abord au Fouta-Djalon, puis à Dinguiraye (actuelle Guinée) en 1848.

Djihad

À Dinguiraye, il prépare le djihad (guerre sainte). Il acquiert une réputation de saint et rassemble de nombreux disciples qui formeront les cadres de son armée. Son armée, équipée d’armes légères européennes reçues de trafiquants britanniques de Sierra Leone, s’attaque à plusieurs régions malinkées à partir de 1850. Il occupe sans difficulté les territoires du Mandingue et du Bambouk (1853), puis attaque les Bambaras Massassi dont il prend la capitale Nioro (1854). En 1856, il annexe le royaume bambara du Kaarta et réprime sévèrement les révoltes.

Luttant contre l’armée coloniale française, il fait construire un tata (une fortification) à Koniakary (77 km à l’ouest de Kayes). En avril 1857, il déclare la guerre contre le royaume du Khasso et assiège le fort de Médine, qui sera libéré par les troupes de Louis Faidherbe le 18 juillet 1857.

Entre 1858 et 1861, El Hadj Oumar Tall s’attaque aux royaumes bambaras de Kaarta et de Ségou (bataille de Ngano). Le 10 mars 1861, il conquiert Ségou qu’il confie un an plus tard à son fils Ahmadou pour partir à la conquête d’Hamdallaye, capitale de l’empire peul du Macina qui tombera le 16 mars 1862 après trois batailles faisant plus de 70 000 morts. Obligé de se réfugier dans les grottes de Deguembéré, près de Bandiagara, il disparaît dans une grotte le 12 février 1864.

Son neveu Tidiani Tall sera son successeur et installera la capitale de l’empire Toucouleur à Bandiagara. Son fils Ahmadou Tall règne à Ségou, Nioro et commandait le Niger de Sansading à Nyamina, une partie des Bambaras du Beledougou, le Bakhounou, le Kaarta jusqu’à la conquête française en 1893

Etat théocratique

Mû par l’idéologie universaliste de l’islam et par un projet de rénovation égalitaire de la société, El Hadj Oumar encourage le libéralisme du sunnisme via la confrérie Tidjaniya, dont il est le représentant de l’époque, et se promet d’imposer une « fraternité transcendante » aux peuples du Soudan occidental.

El Hadj Oumar gouverne ses États comme une théocratie, assisté par un conseil comprenant quelques grands marabouts, certains de ses frères et des compagnons de pèlerinage. La loi coranique est le principe fondamental du gouvernement. Sur le plan administratif, El Hadj Oumar s’inspire du modèle égypto-turc avec division du pouvoir entre un gouverneur civil (pacha) et un gouverneur militaire (bey). Chaque province dispose d’une puissante forteresse (tata) commandée par un chef militaire dirigeant une importante garnison.

Épopée d’El Hadj Oumar


L’un des amis d’Oumar Tall, Mohamadou Allou Tyam, couche par écrit l’histoire de sa vie dans un récit, la Kacida, qu’il rédige en`ajami, c’est-à-dire en peul noté avec l’alphabet arabe. Ce récit est traduit en français pour la première fois par Henri Gaden en 1935, puis plusieurs autres éditions et traductions plus proches du texte original, dont une en français par Samba Dieng en 1983. L’épopée d’El Hadj Oumar connaît dans le même temps une ample diffusion orale parmi les populations peules, notamment au Sénégal et au Mali, et devient un mythe fondateur de l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, l’épopée présentant El Hadj Oumar comme un messie annonçant les grands cheikhs musulmans de la région pour les décennies suivantes qu’allaient être Mbaba Diakhou ou Malick Sy, son successeur à la tête de la tariqa tidjane.






Notes et références:

  1. Lapidus, Ira M. A History of Islamic Socities. 3rd ed. New York, NY: Cambridge University Press, 2014. pg 472-473

  2. Paul E. Lovejoy, « Les empires djihadistes de l’Ouest africain aux XVIIIe-XIXe siècles », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 128,‎ 2015 , consulté le 25 avril 2019).

  3. Éric Milet, Jean-Luc Manaud, Mali : Magie d'un fleuve aux confins du désert, Olizane, 2007, 316 p. , p. 50

  4. Yves-Jean Saint-Martin, Le Sénégal sous le second Empire : naissance d'un empire colonial (1850-1871), Paris, KARTHALA, 1989, 671 , p. 303

  5. Botte, Boutrais et Schmitz, Figures peules, Paris, Karthala, mai 2000, 541 , p. 211-237.

  6. Robinson 1988, p. 98.

  7. « La conquête française du Soudan. » , sur www.cosmovisions.com (consulté le 12 octobre 2020)

  8. Pour en savoir plus, voir les pages sur El Hadj Omar Tall et ses enfants Tidjane, Amadou, Maki, Nourou, Dahé, Bachir

  9. Ira Lapidus, History of Islamic Societies, p. 472-473, CUP, New York, 2014.

  10. Revenir plus haut en : a et b « L'épopée d'El Hadj Oumar : la guerre sainte de l'empereur toucouleur », article de Bassirou Dieng dans L'âme de l'Afrique, Le Point Références n°42, novembre-décembre 2012, p. 54.

  11. ↑ Revenir plus haut en : a et b Malick Diawara, Marie Lechapelays, « La France remet au Sénégal le sabre d'El Hadj Omar Foutiyou » sur Le Point, 17 novembre 2019(consulté le 25 novembre 2019)

  12. « Au Sénégal, une visite d’Edouard Philippe sous le signe des armes », Le Monde,‎ 18 novembre 2019 (, consulté le 20 novembre 2019)

  13. « « La première œuvre qui est “restituée” à l’Afrique est un objet européen » », Le Monde,‎ 24 novembre 2019 (, consulté le 25 novembre 20)

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